Frédéric Martin nous a présenté les auteurs qu'il publie, nous a raconté son parcours d'éditeur chez Viviane Hamy pendant 7 ans puis la création de sa maison d'édition.
Les Editions du Tripode ont été fondées en 2012.
Construire une maison d’édition est une chose complexe, et une activité souvent mystérieuse pour les lecteurs. Dans l’univers du livre, un auteur écrit, un imprimeur fabrique, un libraire conseille, un critique analyse. Mais l’éditeur ? Il doit « ouvrir un lieu d’asile aux esprits singuliers », disait Jean-Jacques Pauvert. Cet éditeur du XXe siècle, qui révolutionna le monde de l’édition par l’audace de ses parutions, la beauté de ses livres et l’éclectisme de ses goûts, est une figure tutélaire pour le Tripode. C’est à lui que nous devons le parti pris de publier ce qui nous chante dans toutes les catégories de l’imaginaire : du roman à la bande dessinée, du beau- livre à la poésie, de l’ouvrage érotique au recueil humoristique, le Tripode ne s’interdit rien. Surtout, c’est de lui que nous vient la leçon fondamentale que plus une œuvre est forte, plus elle doit être protégée. Cette conviction a fondé la vocation de notre maison d’édition.
Faire entendre l’importance des livres que nous aimons est donc la seule ambition qui nous guide. Dans un monde en surchauffe, où les mots s’anémient et les questions se multiplient, comment transmettre le temps de ressentir ? Comment faire résonner des livres fondés sur la richesse des autres quand tant, aujourd’hui, nous pousse à l’immédiateté et la défiance ? Ce sont les questions que nous nous posons chaque jour. Avec la détermination et la force acquises au contact de ces œuvres... mais aussi l’humilité que nous impose forcément l’incroyable légèreté de nos existences.
J'avais un rendez-vous est l'ultime livre d'Hugo Pratt, un ensemble de textes et de dessins qui racontent son dernier voyage dans le Pacifique, en 1992. Ce voyage fut pour lui l'occasion de replonger dans ses racines et les sources de son imaginaire. D'île en île, le créateur de Corto Maltese nous entraîne dans ses rêves et ses souvenirs, au-devant de rendez-vous qu'il s'est donnés, sur les pas de ses modèles, qu'ils soient passés ou présents, héros de papier ou figures historiques. Ce livre, fondamental dans la bibliographie d'Hugo Pratt, bénéficie pour cette nouvelle édition d'une postface de Patrizia Zanotti et d'une chronologie d'Hugo Pratt inédites.
La grande panne, Hadrien Klent
Accident ou attentat ? Une explosion dans une mine de graphite italienne provoque l'apparition d'un immense nuage qui menace de s'enflammer au contact des lignes à haute tension. Pour éviter la catastrophe, une coupure électrique générale est décidée dans toute l'Italie, plongeant le pays dans le chaos. Le nuage se déplace vers le nord, et la France décide à son tour de procéder à un black-out sur son propre réseau. Le gouvernement part s'installer sur l'île de Sein, en Bretagne, pour superviser la panne qui s'annonce. Commençant comme une série catastrophe, déroulant l'agenda d'une cellule de crise, La Grande Panne se transforme peu à peu en un roman inattendu mêlant les histoires d'amour aux arcanes du pouvoir, les trahisons amicales aux menaces d'attentat, la surveillance policière aux banalités d'une vie suspendue à l'attente du retour à la normale. On y croise un révolutionnaire qui rêve de mettre en place une insurrection civile, des conseillers qui tentent de contenir les humeurs d'un président de la République désabusé, un écrivain improductif qui observe son île devenue le centre hystérique d'un pays en état de choc, un brocanteur qui se trouve embrigadé malgré lui par un service secret étranger, un journaliste revanchard qui fait le portrait d'une France en apesanteur... La Grande Panne, ou le portrait d'une humanité un peu paumée, qui l'emporte sur la violence officielle du monde.
De Pierre et d'os, Bérengère Cournut
« Les Inuit sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l'Arctique depuis un millier d'années. Jusqu'à très récemment, ils n'avaient d'autres ressources à leur survie que les animaux qu'ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d'animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L'eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu'accompagne parfois le battement des tambours chamaniques. » (note liminaire du roman) Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d'une quête qui, au-delà des vastitudes de l'espace arctique, va lui révéler son monde intérieur. Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui nous faisait découvrir la culture des indiens hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d'une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d'écologie et de spiritualité, De pierre et d'os nous plonge dans le destin solaire d'une jeune femme eskimo. Édition augmentée d'un cahier de photographies.
Tamim parvient à le récupérer. Il le conservera précieusement. Sur les routes depuis trois ans, contraint à chaque étape de travailler pour payer la suivante, il a quitté l'Afghanistan à quatorze ans, après l'assassinat de son père et de ses frères par les talibans. Lui aura plus de chance qu'Asma - abandonnée à bord du fourgon avec ses compagnons d'infortune sur une aire d'autoroute, et dont la fin tragique agira comme un électrochoc sur la politique et l'opinion.
Le dit du mistral, Olivier Mak-Bouchard
Après une nuit de violent orage, un homme voit toquer à la porte de sa maison de campagne Monsieur Sécaillat, le vieux paysan d'à-côté. Qu'est-ce qui a pu pousser ce voisin secret, bourru, généralement si avare de paroles, à venir jusqu'à lui ? L'homme lui apporte la réponse en le conduisant dans leur champ mitoyen : emporté par la pluie violente et la terre gorgée d'eau, un pan entier d'un ancien mur de pierres sèches s'est éboulé. Or, au milieu des décombres et de la glaise, surgissent par endroits de mystérieux éclats de poterie. Intrigués par leur découverte, les deux hommes vont décider de mener une fouille clandestine, sans se douter que cette décision va chambouler leur vie. S'il se nourrit des oeuvres de Giono et de Bosco, Le Dit du Mistral n'est pas un livre comme les autres. C'est le début d'un voyage, un roman sur l'amitié, la transmission, sur ce que nous ont légué les générations anciennes et ce que nous voulons léguer à celles à venir. C'est un récit sur le refus d'oublier, une invitation à la vie où s'entremêlent histoires, légendes et rêves. C'est une fenêtre ouverte sans bruit sur les terres de Provence, la photographie d'un univers, un télescope aimanté par les dieux.
L'art de la joie, Goliarda Sapienza
« Le vent de ses yeux m'emporte vers lui, et même si mon corps immobile résiste, ma main se retourne pour rencontrer sa paume. Dans le cercle de lumière la vie de ma main se perd dans la sienne et je ferme les yeux. Il me soulève de terre, et dans des gestes connus l'enchantement de mes sens ressuscite, réveillant à la joie mes nerfs et mes veines. Je ne m'étais pas trompée, la Mort me surveille à distance, mais juste pour me mettre à l'épreuve. Il faut que j'accepte le danger, si seul ce danger a le pouvoir de rendre vie à mes sens, mais avec calme, sans tremblements d'enfance. » L'Art de la joie est principalement le roman d'une vie, celle de Modesta, personnage magnifique né le 1er janvier 1900 sur les pentes de l'Etna, en Sicile. Du chaos misérable de son enfance aux hasards de la vie qui feront d'elle l'héritière insoumise d'une famille dégénérée de nobles siciliens, c'est en fait à un apprentissage de la liberté que cette oeuvre nous invite.
Tout va bien mon lapin, Didier Paquignon
De l'art ? De la littérature ? De l'humour ? Les trois mon lapin ! Le peintre Didier Paquignon est de retour en 2020 pour nous proposer une nouvelle anthologie de faits divers illustrés par des reproductions de monotypes. Tout va bien mon lapin ? est une récidive du Coup du lapin. Et c'est toujours aussi drôle. Pour découvrir le site des Editions Le Tripode c'est ici
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