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« La première fois qu’ils se sont vus tous les quatre, le fils de Pierre n’a pas supporté un mot du fils de Déborah, ou peut-être était-ce juste un rire, et, pris d’une rage folle, il s’est mis à hurler qu’il les détestait, que de toute façon elle ne serait jamais à son goût et Léo jamais son frère, puis il a attrapé un couteau de boucher aimanté à la crédence derrière lui et, le brandissant à leur visage, il a menacé de les tuer – cela faisait une heure à peine qu’il les connaissait. »
Tout le monde ne parle que du vivre-ensemble mais, au fond, qui sait vraiment de quoi il retourne, sinon les familles recomposées ? Vivre ensemble, c’est se disputer un territoire.
Ilan Halimi avait 23 ans. Il travaillait boulevard Voltaire, à Paris, dans une boutique de téléphonie. Le 17 janvier 2006, Yalda, 17 ans, jolie brune juchée sur de hauts talons, est entrée dans son magasin. Elle lui a demandé son numéro. Ilan l'a donné sans savoir qu'elle l'attirait dans un piège. Quelques jours plus tard, ils se sont retrouvés dans un café. Ce fut le début du cauchemar.
Alors que sa vie conjugale se délite, Elise reçoit un appel de son père qu'elle n'a pas vu depuis sept ans. Ce dernier la somme de venir le retrouver au Maroc. Incapable de lui désobéir, elle monte à bord de son antique Renault 5, la seule chose qu'il lui reste de sa mère, et, en plein " printemps arabe ", met le cap vers le sud. C'est le début d'un long voyage initiatique. Avec justesse, sensibilité et humour, Emilie Frèche continue d'explorer la violence des liens familiaux, l'exil, le déracinement, la quête d'identité.
Parce qu'elle est sans aucune nouvelle d'Eléa, sa fille de 17 ans embrigadée par Daesh et partie en Syrie il y a maintenant six mois, Laurence commence à tenir un journal. Écrire l'empêche de céder entièrement à la douleur qui la ronge chaque jour davantage, à la colère de n'avoir rien vu venir, et de n'avoir pas su comprendre que tout allait basculer. De trop nombreuses questions sans réponse la hantent : comment Eléa va-t-elle ? Où vit-elle ? Et avec qui ? Comment Eléa, qui avait la tête sur les épaules et des envies par centaines, a-t-elle pu manquer de discernement au point de renoncer à tout... et surtout à sa liberté ? Laurence interpelle sa fille et lui raconte, jour après jour, sa tristesse et sa participation à des groupes de déradicalisation, sa lutte pour éveiller les consciences, tenter d'empêcher le départ d'autres adolescents... Pour tenter aussi de contrer l'absence de sa fille, ne pas la perdre tout à fait...
À ses mots répondent ceux du journal intime d'Eléa, écrits un an auparavant. On découvre peu à peu comment pour cette jeune fille la frontière qui sépare influence et conviction a été franchie. Comment aux rêves d'avenir, aux premiers émois amoureux, aux amitiés sereines, se sont substitués la manipulation, la soumission, l'extrémisme...
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