En 1991, Joëlle Losfeld crée la maison d’édition qui porte son nom.
Elle s’associe au groupe Mango de 1997 à 2003 où elle intègre les Éditions Gallimard. Elle édite et fait connaître en France de nombreux auteurs de langue anglaise tels que Janet Frame ou John Meade Falkner. En 1999, la parution d’Effroyables jardins de Michel Quint devient un succès exceptionnel et inattendu qui lance sa maison d’édition. On lui doit la réédition des œuvres complètes de l’auteur égyptien francophone Albert Cossery, grand prix de la francophonie.
Parmi les autres auteurs remarqués il faut citer Sebastian Barry, John Cheever, Paula Fox, Kate O’Riordan, Dominique Mainard, Richard Morgiève, Jean Meckert...
Littératures étrangère et française se côtoient harmonieusement pour illustrer ce que Joëlle Losfeld affectionne : un regard en marge porté par un style original et un imaginaire au service de la création littéraire. À raison d’une quinzaine de titres par an.
Photo de l'éditrice ©Francesca Mantovani
Effroyables jardins - Michel Quint
"Certains témoins mentionnent qu'aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d'audience.
Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l'accusé et l'ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L'ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarqué ce clown mais rien n'est moins sûr. par la suite l'homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaque fois, il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé.
Un huissier se souvient de l'avoir entendu dire après que le verdict fut tombé : - sans vérité, comment peut-il y avoir de l'espoir ? ". L'auteur dédie ce court texte lumineux, émouvant et métaphorique à la mémoire de son grand-père, ancien combattant à Verdun et de son père, ancien résistant.
Le Cherokee - Richard Morgiève
1954, USA : alors qu'il fait sa tournée de nuit à la première neige, sur les hauts plateaux désertiques du comté de Garfield, dans l'Utah, le shérif Nick Corey découvre une voiture abandonnée. Au même moment, il voit atterrir un chasseur Sabre, sans aucune lumière. Et sans pilote. C'est le branle-bas de combat. L'armée et le FBI sont sur les dents. Quant à Corey, il se retrouve confronté à son propre passé : le tueur en série qui a assassiné ses parents et gâché sa vie réapparaît. Corey se lance à sa poursuite. Mais les cauchemars ont la dent dure... Et on peut tomber amoureux d'un agent du FBI.
Dans les rues du Caire, Gohar, ex-philosophe devenu mendiant, sillonne avec nonchalance les ruelles de la ville et croise des figures pittoresques et exemplaires. Dans ce petit peuple où un manchot, cul-de-jatte, subit les crises de jalousie de sa compagne, on rencontre aussi Yéghen, vendeur de hachisch, laid et heureux, et Set Amina, la mère maquerelle. Il y a aussi Nour El Dine, un policier homosexuel, autoritaire mais très vite saisi par le doute à mesure que progresse son enquête. Un meurtre a eu lieu, celui d'une jeune prostituée...
Toutes ces foutaises - Ezzedine Fishere
Amal, une jeune Américaine d'origine égyptienne, vient de sortir d'un an de prison. Elle a été inculpée pour appartenance à une organisation étrangère visant à déstabiliser le régime, une ONG en l'occurrence. Durant une fête célébrant sa sortie de prison, elle rencontre Omar, un chauffeur de taxi. Ils passent la soirée et la nuit ensemble. Quarante-huit heures séparent Amal de son retour aux États-Unis et c'est durant ce laps de temps que se déroule le roman. Amal et Omar feront l'amour, souvent, se raconteront et raconteront l'Égypte d'une jeunesse contemporaine depuis 2011 jusqu'à aujourd'hui, pleine d'espoirs mais souvent désenchantée.
À l'instar des Mille et Une Nuits, Ezzedine Fishere nous propose des récits enchâssés avec pour cadre l'histoire d'Amal et Omar. S'inspirant de faits réels, le roman n'est pas seulement bien documenté, il est empreint d'un humour noir et d'une autodérision ravageurs.
Toute la famille sur la jetée du paradis - Dermot Bolger
En 1915, dans un village du comté de Donegal, au nord de l'Irlande, la famille Goold Verschoyle s'épanouit dans un manoir animé par les rires de leurs prestigieux invités. Mais le cours de l'histoire menace l'équilibre de ce petit paradis. Dans une Europe déchirée, chacun va devoir affronter son destin. Toute la famille sur la jetée du Paradis suit l'extraordinaire itinéraire de ces personnages impliqués dans les combats pour l'indépendance, la grève générale en Angleterre, les années 1930 à Moscou, la guerre civile espagnole... Bolger, qui s'est inspiré d'une histoire réelle, a superbement recréé une famille dans sa diversité, toujours unie par les rêves, l'amour et la mémoire vive de l'enfance.
Un ange à ma table - Janet Frame
Ma terre, mon île constitue le premier tome de son autobiographie qui, sous le titre de un ange à ma table, fut remarquablement porté à l'écran par Jane Campion.
Les deux autres tomes : un été à Willowglen (vol. 2) et le messager (vol. 3) sont également publiés aux éditions Joëlle Losfeld ainsi que visages noyés, le jardin aveugle et poussière et lumière du jour et Daughter buffalo.
Otto et Sophie vivent sans enfants dans une belle maison bourgeoise, où l'on remarque les couvres complètes de Goethe, une cuisine ultramoderne et une mercedes garée dans l'allée.
Un soir Sophie se fait mordre la main par un chat errant alors qu'elle tentait de l'apprivoiser. c'est le début d'une série de petits désastres tout-puissants qui viennent gâcher leur vie, révélant les fractures et les erreurs d'un mariage, et celles d'une société qui s'effondre. publié en 1970, personnages désespérés constitue l'un des exemples les plus étonnants du talent que montrent les écrivains américains pour raconter des histoires.
Elmet - Fiona Mozley
John Smythe est venu s'installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans la région d'origine de leur mère, le Yorkshire rural. Ils y mènent une vie ascétique mais profondément ancrée dans la matérialité poétique de la nature, dans une petite maison construite de leurs mains entre la lisière de la forêt et les rails du train Londres-Édimbourg. Dans les paysages tour à tour désolés et enchanteurs du Yorkshire, terre gothique par excellence des soeurs Brontë et des poèmes de Ted Hughes, ils vivent en marge des lois en chassant pour se nourrir et en recevant les leçons d'une voisine pour toute éducation.
Menacé d'expulsion par Mr Price, un gros propriétaire terrien de la région qui essaye de le faire chanter pour qu'il passe à son service, John organise une résistance populaire. Il fédère peu à peu autour de lui les travailleurs journaliers et peu qualifiés qui sont au service de Price et de ses pairs. L'assassinat du fils de Mr Price déclenche alors un crescendo de violence ; les soupçons se portent immédiatement sur John qui en subit les conséquences sous les yeux de ses propres enfants...
Ce conte sinistre et délicat culmine en une scène finale d'une intense brutalité qui contraste avec la beauté et le lyrisme discret de la prose de l'ensemble du roman.
« Annie Gianfala, dix-sept ans, abandonnée par son père, est seule et fauchée. Elle avance vers l'Ouest, comme l'Amérique le fit un jour, mais son voyage se déroule dans les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale. Elle dérive, portée par les courants de la Dépression, l'enthousiasme des communistes pour le Parti et l'URSS, puis le dégoût que beaucoup ressentent ensuite. Parmi ceux qu'elle rencontre, et qui font son éducation, sur le plan intellectuel aussi bien que physique, il y a des idiots, des paumés, des intellectuels blasés, des amants en tout genre, aussi bien que des cadres du Parti, des Noirs, des homosexuels, et toutes sortes d'écrivains ratés ou en train de le devenir. Annie est à la fois une enfant perdue et une femme douée de pouvoir. Ce roman, qui explore si magnifiquement les sens, les transcende en même temps. » Frederick Busch.
« Pendant des années, chaque fois que je voyais dans la rue un petit homme de dos avec un imperméable et un parapluie, je pressais le pas et quand j'arrivais à sa hauteur, je tournais la tête, mais ce n'était jamais lui. » Février 1942 : un petit Polonais et une jeune femme romantique se rencontrent dans une ville de la province ardéchoise. Aussitôt c'est la passion, immédiate, celle qui brûle, qui enivre. Profondément excessif, d'un égoïsme et d'une avidité que seul tempère l'amour qu'il éprouve pour les siens, le petit Polonais flirte insolemment avec les frontières du bien et du mal : trafiquant sans scrupule pendant la guerre, il deviendra à la Libération un commerçant impitoyable. Envoûtés par son charisme, par sa passion effrénée pour l'existence et son goût du danger, sa femme, ses enfants, et tous ceux qui l'entourent lui vouent une admiration et une tendresse inconditionnelles.
Trente ans après le suicide de son père, son fils cadet tente de ranimer la force, les faiblesses et les passions de ce caïd brisé par la mort de la seule femme qu'il ait aimée.
Des jours sans fin - Sebastian Barry
Chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de John Cole, l'ami et amour de sa vie.
Dans le récit de Thomas, la violence de l'Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte. Tour à tour Thomas et John combattent les Indiens des grandes plaines de l'Ouest, se travestissent en femmes pour des spectacles, et s'engagent du côté de l'Union dans la guerre de Sécession.
Malgré la violence de ces fresques se dessine cependant le portrait d'une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de Winona leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir McSweny comme grand-père. Sebastian Barry offre dans ce roman une réflexion sur ce qui vaut la peine d'être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d'un bonheur qui donne l'impression que le jour sera sans fin.
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